PRESSE
Quand l’art et la matière collent à la peau de Vilar
« Collages et assemblages » à la maison des Savoirs, Agde
Fils de Jean, l’artiste n’a jamais cédé à la facilité. La preuve jusqu’au 28 février
Que nul ne s’y trompe : Christophe Vilar est bien le fils de Jean, l’incontournable acteur et metteur en scène français. Et il n’est pas si facile d’avoir un père dans le « dico », particulièrement quand on a poussé la porte de la création.
Christophe Vilar le sait plus que tout autre puisque d’aucuns se sont maintes fois à essayer à trouver, dans ses œuvres, une réminiscence de son illustre père.
De toutes les facettes que l’artiste présente, et au fil des 30 « assemblages et collages » présentés à la maison des Savoirs, la singularité réside pourtant ailleurs.
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Un jour pourtant, il a donné une tout autre dimension à ses travaux en « sacrifiant » ses propres toiles qui, moyennant quelques coups de ciseaux experts, lui ont servi de de matière première.
Peintre et plasticien en parallèle à une foule de petits boulots autour des décors de théâtre ou encore de la peinture en bâtiment ( !), il a ensuite peaufiné une technique qui fait aujourd’hui tout l’attrait de son travail.
Plutôt que de dessiner des formes à « emboîter » ensuite pour la réalisation de collages, ce dernier s’est, en effet, attaché à se constituer un stock de « matière première ». Du papier coloré à l’encre, au pastel ou à la peinture « glycéro », finalement informe avant une intervention qui se veut toute chirurgicale. « Une paire de ciseaux fait office de crayon, explique-t-il, et je distingue alors les organes « saints », à utiliser, de ceux qui n’ont pas d’intérêt. »
Dès lors, son travail de bâtisseur commence, et celui-ci s’attache à ne rien fixer sur le support –papier- avant d’avoir obtenu l’effet désiré. À l’arrivée, des collages qui jouent habilement de la texture du papier, indissociable de la forme à y apporter offrant à ses œuvres une profondeur de champ appréciable au premier coup d’œil. Réduits à l’essentiel, ses collages et assemblages n’en sont pas pour autant dénués de référence… À un travail d’animation, notamment, qui n’est pas s’en rappeler celui des stèles anthropomorphes ou de l’art pariétal préhistorique, mais aussi à celui, froid et métallique, des structures contemporaines. Un cheminement intellectuel qui, pour tenir du labyrinthe n’a pourtant jamais rien d’inachevé.
Pa. C.
Christophe Vilar à Sète
Jusqu’au début du mois de novembre, la ville de Sète habille les murs de la Chapelle du Quartier Haut avec les Bleus de Prusse et d’ailleurs de Christophe Vilar. L’artiste défini ainsi son travail : « Ce n’est pas un bleu, c’est un éloignement…
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Dans les bleus de Christophe Vilar
L’artiste présente « Bleus de Prusse et d’ailleurs, et mine de plomb » à la Chapelle Sainte-Anne.
À Sète, la ville de ses parents, mais aussi à Nîmes, à Valence, à Avignon… l’exposition « Bleus de Prusse et d’ailleurs » de Christophe Vilar a déjà été présentée à plusieurs reprises avant d’habiller les cimaises de la chapelle Sainte-Anne, à Arles. Néanmoins, pour la première fois, une série de dessins faits à la mine de plomb, vient rejoindre les huiles. Une exposition extrêmement poétique, à découvrir jusqu’au 18 juin prochain.
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« À l’époque, mes parents (Jean Vilar et Andrée Schlegel, Ndlr) étaient peut-être un peu envahis par mon frère, ma sœur et moi, sourit Christophe Vilar. À Avignon, ils avaient une amie qui connaissait une famille installée en Camargue depuis 1947, les Roche à la manade des Iscles (à Vauvert). »
La vie faisant, les séjours de Christophe Vilar en Camargue se font plus rares. À l’âge de 35 ans, l’artiste choisit de quitter Paris et de s’installer dans l’Hérault, et plus précisément à Sète la ville de ses parents. Son père, grand homme de théâtre, y était né en 1912 dans une famille de petits commerçants. En 2005, l’histoire d’amitié entre le fils cadet de Jean Vilar et le fils du couple Roche continue avec la publication chez Actes sud de l’ouvrage L’équitation en Camargue. Les textes sont de Bernard, les illustrations de Christophe. Lequel signe une travail très appuyé, des dessins à la limite de la gravure. La chose n’est pas habituelle pour l’artiste dont les créations relèvent d’avantage de la figuration libre, mais l’exercice le séduit.
Exceptionnellement, puisqu’il n’y avait pas touché depuis bien longtemps, Christophe Vilar a repris la mine de plomb pour, pendant une dizaine de mois, dessiner, dessiner et encore dessiner. L’homme fonctionne ainsi, en série. À l’occasion de son exposition joliment intitulée Bleus de Prusse et d’ailleurs, et mine de plomb, 26 de ses dessins ornent les cimaises de la chapelle Sainte-Anne. On y retrouve, comme dans ses huiles, les mêmes éléments géométriques qui rappellent tantôt le vent, tantôt les voiles d’un bateau… Des courbes se dessinent, souvent féminines.
Regarder toujours un horizon
Et sur ses toiles, inlassablement, un horizon se forme. « Cela fait 40 ans que je vis dans une maison, face à la mer, alors forcément… », sourit Christophe Vilar. Forcément aussi, le bleu est omniprésent. « Je n’utilise que le bleu de Prusse et le bleu indigo, indique l’artiste. Ils sont assez proches, très transparents et très denses. » Ils permettent aussi de superbes dégradés et s’adaptent parfaitement avec le glacis que Christophe Vilar utilise beaucoup. Il peut ainsi jouer sur des plans différents où ces élément géométriques, toujours liés à l’environnement de l’artiste, cachent en partie un bateau fantôme, une guitare, les vestiges d’un passé industriel… Ici ou là, le visiteur peut s’amuser à percevoir une fenêtre ouverte sur le ciel, à moins que ce ne soit sur la mer, un oiseau – et plus précisément un goéland. Comme un hommage à « Laurent », le gabian qui chaque jour vient taper du bec à l’une des vitres de la maison de Christophe Vilar. Poétique, toujours.
Julia RAZIL
CHRISTOPHE VILAR – BIOGRAPHIE
Je deviens assistant de Valentine Schlegel, ma tante, pour la réalisation de ses bas-reliefs cheminées à Paris
Je pratique également la musique et la photographie pendant quelques années tout en continuant à peindre et je m’installe définitivement à Sète dans les années 80.
Quelques sensibilités de la forme et ses courbes me viennent de ma famille sétoise et plus particulièrement de ma tante Valentine Schlegel, céramiste et sculpteur et de ma mère, elle-même peintre, dessinatrice et poète.
J’ai toujours évité la figuration et me suis attaché à traduire un monde intérieur abstrait où il n’y a que des sentiments et des hasards plus ou moins cohérents.
Saturé de la vie parisienne, j’ai définitivement compris l’importance de la qualité environnementale retrouvée à Sète dans les années 80..
J’ai peint à l’huile depuis mes débuts, n’ayant aucune affinité avec l’acrylique. Par la suite, les techniques du collage m’ont intéressés en pensant aux réalisations de Max-Ernst, jusqu’à découper mes propres peintures pour les amener ailleurs ou plus loin.
Les autres techniques employées ont été multiples : encres d’imprimerie et normales, gouaches, crayons de toutes sortes, pastels, glycéro, aquarelles, huiles, lavis et glacis ainsi que quelques bois flottés, sculptures et mosaïques.
« Le monde intérieur représenté par la peinture est directement lié à celui qui lui permet d’exister, le monde réel »
TEL : 04 34 33 62 10 / 06 14 56 44 40
EMAIL : contact@christophevilar.com